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« Ouf je ne suis ni anormale, ni seule ! »

Ce sont les mots qui me sont venus à l’esprit en lisant le chapitre sur l’hypersensibilité dans « Vive les Zatypiques[1] ». Enfin, j’avais une explication à certaines de mes bizarreries et à ma sensibilité sensorielle et émotionnelle exacerbée.

Selon E. Aron, l’hypersensibilité est innée. Elle est un trait de caractère qui touche 20% de la population (dont 30% de HS sont extravertis et 70% de HS sont introvertis). Les 80% restants sont des personnes moyennement ou peu sensibles.

Les hypersensibles ont souvent la sensation de vivre avec plus d’intensité les évènements et surtout d’être dotés de moins de compétences que leur entourage pour y faire face. Cette sensibilité, souvent peu comprise et dérangeante est souvent reprochée et jugée comme inadéquate par l’entourage qui va dire :

« Tu prends trop les choses à cœur. »

« Tu ne peux pas passer et penser à autre chose. »

« Tes réactions sont disproportionnées. »

« Tu es trop sensible. »

« Tu exagères, c’est disproportionné. »

Ce manque de compréhension et d’accueil amène la personne à se considérer comme anormale et à se juger sans bienveillance. Que de jugements négatifs et de reproches, j’ai pu formuler à mon encontre en lien avec mon incapacité à prendre de la distance par rapport aux émotions intenses que je vivais. Que de temps et d’énergie passés à réfléchir, à ressasser, à analyser ce que j’ai dit, vécu ou à préparer ce que je veux exprimer.

Akoun, A. et Pailleau, I. expliquent très clairement les caractéristiques des hypersensibles.

  • « Le cerveau des hypersensibles réagit souvent de manière disproportionnée aux stimuli extérieurs […]
  • Le cerveau des hypersensibles amplifie également et régule moins bien les différentes émotions […]
  • Le cerveau hypersensible a un traitement plus profond de l’information avec un sens du subtil et du détail hors du commun » (Akoun&Pailleau, 2017, p. 25).

Dans le quotidien ces particularités peuvent se manifester de manière très différente d’une personne à l’autre. Le dénominateur commun est la façon de tout ressentir avec une forte intensité et d’être très perméable au climat environnemental physique (luminosité, bruit, matière, odeur, …), relationnel, émotionnel et énergétique. La personne hypersensible est ainsi vite décontenancée dans ses interactions par les flux d’informations, de nuances et de détails qu’elle perçoit et par toutes les questions et hypothèses que cela provoque en elle de manière consciente ou inconsciente.

Voici deux exemples personnels qui illustrent bien ma difficulté à trier et manager les informations qui m’impactent, souvent de manière inconsciente, et peuvent provoquer la surprise et de fausses interprétations dans mes relations.

Je marche dans la rue, une connaissance passe en voiture et me salue avec un signe de la main. Un détail tel qu’un changement de coiffure, des nouvelles lunettes, une marque à la voiture, une émotion … capte mon attention. Je dois premièrement prendre conscience de l’élément qui est venu m’interroger, puis remettre de l’ordre dans mon tableau intérieur et enfin je vais me rappeler de saluer. Seulement pendant ce temps d’introspection l’autre a passé son chemin et il est trop tard.

Ce manque de réaction réflexe est une caractéristique que j’ai beaucoup observée chez les enfants dotés d’une grande sensibilité. Souvent, ils sont comme statufiés dans une attitude d’observations et ne peuvent répondre à nos sollicitations d’interactions et donner la réponse réflexe comme juste dire bonjour ou répondre oui ou non à une question qui nous semble anodine. En fait ils sont juste complètement brassés et confus par ce qu’ils vivent et qu’ils n’arrivent pas à traduire en mots. C’est exactement ce qui m’est arrivé dans l’exemple suivant :

Je joue au Tribolo, j’achète 3 billets à CHF 2.-. Je gratte le premier et gagne CHF 100.-, puis CHF 4.- et CHF 2.-. Je n’ai aucune réaction à tel point que la vendeuse me dit : « Vous n’êtes pas heureuse ? » Oui, oui lui dis-je et je prends mes jambes à mon cou. Heureuse, oui, mais brassée et incapable de l’exprimer dans l’instant.

Nous ne pouvons « guérir » de l’hypersensibilité qui n’est pas une maladie. Nous pouvons par contre apprendre à l’apprivoiser en l’accueillant, en développant notre langage émotionnel, en mettant toujours plus de conscience sur nos ressentis et en changeant notre regard sur cette spécificité. Elle est comme une paire de lunettes qui colore notre vie, qui stimule notre créativité et qui est un atout et une ressource dans les relations dès lors qu’elle est devenue connue et familière. Pour ma part, mon évolution vers une meilleure connaissance de moi au moyen de différentes formations m’a beaucoup aidée à m’apaiser et à changer mon regard sur mon hypersensibilité. Mes coachings de vie peuvent vous aider à trouver cet apaisement. ICI

Il est intéressant de savoir qu’au XVIIème et XVIIIème siècle, la grande sensibilité, les capacités à vivre et à mettre en mots ses sensations, sentiments et émotions étaient vues comme une très grande qualité. L’industrialisation a poussé les personnes à se départir de ces compétences afin qu’elles soient des maillons plus solides et efficaces d’une chaîne productive. Il est donc peut-être temps de reprendre les rênes de notre vie en étant plus en lien avec notre vécu intérieur afin de faire des choix qui nous nourrissent et nous permettent de nous épanouir plus joyeusement et librement.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de l’hypersensibilité, vous pouvez aller sur le site « les hypersensibles » sur lequel vous trouverez de la documentation et des tests pour adultes et enfants qui permettent de clarifier votre appartenance ou non à la famille des hypersensibles. Il y a également un espace avec des témoignages et dans lequel vous pouvez vous exprimer. Une belle manière de nourrir son besoin d’appartenance et de partage.

 

[1] Akoun, A. & Pailleau, I. (2017). Vive les Zatypiques. Paris : Leduc.s Editions.